Intention
L’intention de cette co-création de récits de l’entre-deux est de stimuler notre capacité à produire des récits fictionnels mais inspirés de nos expériences et points de vue, des récits situés et multiples plutôt qu’universels et homogènes. Ceci nous semble important pour sortir d’une impasse créée par des récits très uniformes tels ceux qui sont souvent ceux mobilisés pour parler d’anthropocène, d’urgence climatique, d’effondrement… En partant d’une représentation de la réalité comme étant globale et uniforme, ces récits ont le double désavantage de raconter l’histoire depuis un point de vue principalement central, dominant, et de raconter une « histoire sans peuple » où les capacités d’action et de mobilisation « par le bas » semblent inexistantes.
Contexte
Le souhait de Mycélium, dans le cadre de ce projet, est donc de développer une perception plurielle des dégradations écosystémiques et sociales que nous vivons déjà et aurons très probablement à vivre. Ces différents points de vue seront l’occasion, pour nous, de générer une vision politique diversifiée et sensible des temps à venir. Par sensible, nous entendons la capacité à percevoir ce qui nous arrive de multiples manières et à y trouver du sens, par de divers canaux.
Un des canaux que nous voulons explorer est celui de la fiction, des récits que nous nous racontons sur ce qui pourrait nous arriver et la manière dont ces récits nous mettent en mouvement. Nous cherchons à prolonger le travail de nombreuses personnes et collectifs qui ont déjà mis en lumière l’importance politique des imaginaires et des récits que nous fabriquons, telles Ursula Le Guin, Cornelius Castoriadis, Donna Haraway, Isabelle Stengers, Starhawk, le collectif Les Ateliers de l’Antémonde, etc.
Proposition
Ainsi, avec l’envie de rassembler nos capacités à faire histoire en faisant des histoires, nous vous proposons de participer à l’écriture d’une partie des récits de l’entre-deux.
L’entre-deux comme un moment suspendu où l’on prend le temps de constater ce qui nous arrive. L’entre-deux comme un espace souvent ignoré où se vivent des expériences au-delà des dualités façonnée par l’imaginaire moderne (échec/réussite ; puissance/impuissance ; solution individuelle/solution collective ; joie/tristesse) .
L’entre-deux comme l’anticipation de la suite, mêlant espoir, deuil, colère, résignation, révolution, expérimentation, débrouillardise…
À partir des expériences intimes de différents personnages, ces récits visent à constituer une vision d’un avenir proche qui ne serait ni dystopique, ni utopique. Ils formeraient une mosaïque assez réaliste mêlant des choses de notre monde qui se dégradent mais aussi d’opportunités de refaire du collectif, de se transformer, ou d’essayer de stabiliser son environnement.
Point de départ de la création des récits
Afin de tresser la dimension politique et sensible de ce qui pourrait être vécu aux alentours des années 2030, nous, Julien Didier et Delphine Masset, avons rédigé un premier texte (voir lien ci-dessous) comprenant le vécu et le ressenti de deux héroïnes : Juliette et Miléna, qui sont deux soeurs belges, écrivant chacune leur journal intime. Dans ces deux récits initiaux, vous verrez se déployer deux mondes proches mais différents en termes de sensibilités et de situations. Alors que la trame politique est principalement décrite par Miléna, sa sœur Juliette vit davantage ces événements à travers leurs répercussions dans son réseau proche.
Les récits de l’entre-deux
Ce que nous vous proposons, c’est de développer votre propre vision de cet avenir pas si lointain et déjà (un peu) modifié.
Comment ?
Vous pouvez choisir un personnage du récit de Juliette ou de Miléna (Livia, Helena, Chrigui, Lalie, Rico, Alexandre, Marine, le papa de Miléna, Guiller…) et raconter une histoire en parallèle.
Vous pouvez proposer une histoire qui relate les évènements historiques qui vont suivre.
Vous pouvez inventer un personnage qui serait dans un autre pays et qui serait en lien, d’une manière ou d’une autre, aux deux soeurs.
Vous pouvez également développer un personnage qui parlerait de son positionnement par rapport à l’instauration de la carte carbone ou d’autres événements politiques.
Beaucoup de choses sont possibles : les limites sont celle de votre créativité !
Pourquoi écrire ?
Écrire pour déposer ce qui a déjà été observé autour de soi, et dont il serait bon de témoigner. Écrire pour donner sens à ces observations et les partager.
Écrire pour élargir sa vision du monde qui vient en y apportant nuances et rebondissements, mais aussi pour créer une sensation de collectif, une sensation de monde grouillant dont la réponse n’est pas forcément déprimante et apathique.
Écrire pour permettre aux autres d’avoir accès à des bribes de nos imaginaires et de nos vies et donc à complexifier notre vision du réel, l’enrichir de nos expériences et parcours uniques .
Concrètement ?
Nous vous proposons de contribuer à ces récits en nous remettant un texte de 5 à 20 pages, pour le 1er mai (A4 Times New Roman, interligne 1), constituant un bloc en soi (comme un chapitre) centré sur un personnage, déjà cité ou nouveau, qui vient enrichir et élargir l’histoire déjà en place par des points de vue similaires, contradictoires ou étrangers aux deux protagonistes de départ.
Ces récits peuvent être envoyés à delphine@mycelium.cc

Ces textes peuvent être écrits de manière autonome, sans consultation ou appui extérieur. Nous prévoyons toutefois plusieurs journées d’atelier d’écriture et de partage de textes, qui auront lieu à Bruxelles. Le premier atelier d’écriture aura lieu le samedi 1er avril (autres dates à confirmer), animés par l’autrice Soline de Lavaleye. Pour vous inscrire ou avoir plus d’infos sur le contenu de ces ateliers, contactez Delphine : delphine@mycelium.cc
Une fois rassemblés, nous mettrons en ligne les récits dont la forme finale nous semble suffisamment aboutie. Une publication papier pourra être envisagée selon les budgets de Mycélium.
Si vous avez une question sur ce projet, vous pouvez nous contacter aux adresses suivantes : julien@mycelium.cc et delphine@mycelium.cc.