Le rationnement : entre projet égalitaire et chimère autoritaire ?

Le rationnement : entre projet égalitaire et chimère autoritaire ?

Le 22 avril prochain, Mycélium propose un nouvel espace Brèche sur la thématique du rationnement. Le rationnement est un mot qui fait peur, qui crispe instantanément, et à raison. Les périodes de rationnement ne sont généralement pas associées à de bons souvenirs. De plus, dans les faits nous sommes déjà nombreuses et nombreux à nous rationner par défaut (en logement, en énergie, en alimentation, en soins de santé, en déplacements, en moments de socialisation… ). Le rationnement est aussi associé à une illusion de contrôle absolu et de planification écologique fantasmée.

Pourtant, dans les mouvements écologistes, certaines tendances considèrent le rationnement positivement comme « une réponse collective à la pénurie pour protéger les plus fragiles en organisant le partage, quand un produit de première nécessité vient à manquer. Rationner, cela veut dire empêcher certains de surconsommer pour s’assurer que tout le monde puisse en avoir un minimum. » (1). Lorsqu’on regarde des mesures récentes prises par des États (comme le rationnement de l’électricité en Afrique du Sud en 2018, les restrictions au Venezuela en 2019, le rationnement de l’eau en Italie en 2022, le nouveau plan de « sobriété » à la française, etc.), force est de constater que les causes des pénuries ne sont pas traitées (on agit sur la consommation mais pas sur la production) et que ce sont généralement les plus démuni·e·s qui en font les frais.

Le rationnement est-il notre devenir ? Est-il souhaitable ou faut-il s’y opposer de toutes nos forces ? Une voie médiane est-elle réaliste, et comment les mouvements écologistes peuvent-ils s’emparer de cet enjeu ?

(1) https://institutmomentum.org/imposer-le-rationnement-pour-organiser-le-partage-et-proteger-les-plus-fragiles

Les espaces Brèches organisés par Mycélium sont des moments de débats et de dialogue entre mouvements et activistes, où nous cherchons à partager et enrichir nos visions, nos accords et nos désaccords.

– –

Infos pratiques :

  • Quand ? le samedi 22 avril, de 14h à 17h (vous pouvez venir à partir de 13h45)
  • Où ? à la maison de la Paix à Ixelles, 35 rue van Elewyck
  • Inscription souhaitée : selma@mycelium.cc

– –

Si vous voulez déjà vous plonger dans ce sujet, voici quelques ressources :

> Le numéro « Bienvenue dans l’ère du rationnement » de la revue Socialter, décembre 2022 – janvier 2023.

> Le travail de l’Institut Momentum sur le rationnement.

> Le chapitre « Le rationnement, outil convivial » de Mathilde Szuba dans le livre « Gouverner la décroissance: Politiques de l’Anthropocène III » (pp. 95-118), 2017, Presses de Sciences Po.

> Le mémoire de Lara Vanderstichelen « Le rationnement alimentaire comme instrument de politique environnementale : un anachronisme ? », 2019, ULB, disponible en ligne.

> L’article « Quand la Covid dévoile le principe de rationnement » d’Arnaud Le Marchand, publié dans Variations, 2020, disponible en ligne.

Ateliers d’écriture pour la création des récits de l’entre-deux

Ateliers d’écriture pour la création des récits de l’entre-deux

Dans le cadre de l’appel à contributions pour la création des récits de l’entre-deux, Mycélium vous propose de prendre part à un atelier d’écriture sur trois séances : les samedis 1er, 15 avril et 27 mai. 

Les deux premières séances seront consacrées à écrire et lire et écrire, avec déjà de premiers retours sur les textes ; la troisième à lire, échanger et commenter les textes produits. Ces ateliers seront animés par l’autrice Soline de Lavaleye.

Concrètement, il s’agit d’ateliers d’écriture conçus pour que chacun.e puisse s’approcher autant que possible d’une pratique propre de l’écriture, en cherchant sa singularité, avec le désir de l’expérimenter ou de la développer. Ces ateliers peuvent être compris comme un laboratoire, le lieu d’une pratique ou d’une expérimentation. Ils peuvent servir également au développement d’un projet. Les ateliers se dérouleront en alternant des temps d’écriture cadrés et des moments de lecture et de discussion sur les textes. L’écriture sera induite par des leviers – propositions et déclencheurs, qui peuvent porter sur la forme ou sur le fond et utiliser des supports variés.

Les moments de discussions se concentreront quant à eux sur le texte et les effets qu’il peut produire sur des lecteurices diverses. Le groupe jouera dès lors le rôle de premier cercle de lecteurices, première caisse de résonance pour le texte. Les propositions d’écriture, d’abord exploratoires, iront progressivement vers un travail resserré autour de l’objectif de répondre à l’appel à contributions des récits de l’entre-deux.

Les participant.e.s seront très probablement amenés à poursuivre leur travail d’écriture entre les séances, notamment en vue de la troisième rencontre. Il n’est pas nécessaire d’avoir déjà commencé un texte pour participer. Il est cependant souhaitable d’avoir lus les nouvelles de Julien et Delphine. Ceci est un parcours évolutif, nous vous invitons dans la mesure du possible à participer à l’ensemble du cycle.

Informations pratiques :
  • Lieu : à Bruxelles, à la Maison de la Paix (35 rue van Elewyck à Ixelles)
  • Date : Les samedis 1er avril, 15 avril et 27 mai
  • Horaires : de 10h à 16h
  • Intervenante : Soline de Lavaleye 
  • Prix : 20 euros de participation aux frais à payer d’avance (salle, chauffage, matériel), ce qui aide à garantir la participation effective des personnes inscrites. En option, une participation consciente est possible, comme contribution à l’animation des ateliers.

Ouvert à tous·te·s !

Pour vous inscrire ou avoir plus d’infos sur le contenu de ces ateliers, contactez Delphine : delphine@mycelium.cc

Les récits de l’entre-deux 

Bourses « Racines et Pollens » de la Fondation Mycélium en 2023 : C’est parti pour la 7e édition !

Bourses « Racines et Pollens » de la Fondation Mycélium en 2023 : C’est parti pour la 7e édition !

L’écosystème de Mycélium rassemble des mouvements, des collectifs et des personnes qui partagent une volonté commune de lutter contre les destructions en cours, de dénoncer les systèmes de domination et d’exploitation – capitalistes, patriarcaux et néo-coloniaux – qui les provoquent et de proposer d’autres modes de société et de vie. Par son action, Mycélium cherche à relier, à décloisonner et créer du dialogue entre ces mouvements, à poser de nouvelles questions à partir de la diversité de leurs expérimentations, stratégies et réflexions en cours. C’est dans ce contexte que Mycélium soutient des initiatives émergentes qui ont besoin de support financier et organisationnel, à travers sa fondation participative, la Fondation Mycélium.

Plus spécifiquement, les bourses « Racines et Pollens » de la Fondation Mycélium soutiennent des initiatives qui contribuent à développer des propositions audacieuses ou radicales, qui favorisent le décloisonnement entre nos collectifs, thématiques, actions et stratégies. Ces bourses peuvent être octroyées à une organisation, un collectif ou directement à une personne, pour autant que son initiative soit directement connectée/au service d’un ou plusieurs projets collectifs.

Les critères de sélection qui servent de cadre de référence aux membres de ce conseil sont les suivants :

  • Alignement sur la raison d’être de Mycélium et de sa fondation participative, en cohérence avec les principes qui nous guident : en particulier nous soutenons des initiatives qui œuvrent depuis une éthique écologiste de justice, de soin et de non-domination et/ou qui agissent à partir de modes de fonctionnement autres que ceux fondés sur la dualité et la pensée binaire.
  • Dimension collective : les personnes qui présentent un projet personnel se sont pas exclues d’office mais doivent pouvoir montrer que leur projet est au service d’un collectif ou d’une initiative collective dans laquelle elles sont activement engagées.
  • Audace et inspiration : initiative audacieuse et catalyseuse, qui ouvre de nouvelles voies, qui inspire d’autres initiatives, avec un potentiel d’effet multiplicateur (pollen).
  • Connexion à un réseau plus large : nous soutenons en priorité les initiatives qui sont en collaboration avec un réseau proche, celui de Mycélium ou un réseau voisin.
  • Difficulté à être financé ailleurs : qui ne répond pas (ou pas encore) aux critères pour bénéficier de subsides publics ou d’autres sources de financement.
  • Basé en Belgique, ou relié à des initiatives proches en Belgique. À défaut, il doit s’agir de projets qui explorent des pistes très peu explorées, en Belgique ou ailleurs.
  • Redevabilité et transparence : la proactivité du collectif porteur en termes de création de liens avec la Fondation et l’écosystème de Mycélium. Capacité & volonté de partager & diffuser les résultats de leur initiative.

Informations importantes :

  • Le prochain appel à demande de bourse sera clôturé le 3 avril 2023 prochain à minuit ! Attention, les demandes qui nous seront adressées après cette date ne seront pas prises en compte.
  • Cet appel est diffusé via notre newsletter aux collectifs et associations connectés à Mycélium et ayant déjà collaboré avec nous dans le passé. Vous pouvez le relayer vous-mêmes directement à d’autres mouvements ou collectifs que vous jugez pertinents, mais nous vous demandons d’éviter les canaux de diffusion plus larges car chaque demande reçue est traitée et requiert de l’énergie, que nous avons en quantité limitée.
  • Comme pour les éditions précédentes, le montant disponible pour cette édition est de 75.000 Euros. À titre indicatif, les montants moyens des bourses se situent entre 1.000 et 5.000 Euros. Seules quelques initiatives de plus grande envergure ont pu bénéficier d’un montant plus élevé, le montant maximum étant fixé à 10.000 Euros.

Pour nous envoyer une demande : 

Avant de nous envoyer une demande, merci de visiter les sites de Mycélium et de la Fondation Mycélium. Vous vous sentez connecté.e.s à leur raison d’être et vous souhaitez bénéficier d’une bourse ? Alors remplissez ce formulaire d’identification (à remplir même si vous avez déjà postulé pour une bourse les années précédentes) puis envoyez votre demande en suivant ces instructions à l’adresse demandes@fondation.mycelium.cc

Pour toute question concernant la Fondation ou cet appel, merci de bien vouloir utiliser cette adresse également.

Merci !

Appel à contributions pour la création des récits de l’entre-deux

Appel à contributions pour la création des récits de l’entre-deux

Intention

L’intention de cette co-création de récits de l’entre-deux est de stimuler notre capacité à produire  des récits fictionnels mais inspirés de nos expériences et points de vue, des récits situés et multiples plutôt qu’universels et homogènes. Ceci nous semble important pour sortir d’une impasse créée par des récits très uniformes tels ceux qui sont souvent ceux mobilisés pour parler d’anthropocène, d’urgence climatique, d’effondrement… En partant  d’une représentation de la réalité comme étant globale et uniforme, ces récits ont le double désavantage de raconter l’histoire depuis un point de vue principalement central, dominant, et de raconter une « histoire sans peuple » où les capacités d’action et de mobilisation « par le bas » semblent inexistantes.

Contexte

Le souhait de Mycélium, dans le cadre de ce projet, est donc de développer une perception plurielle des dégradations écosystémiques et sociales que nous vivons déjà et aurons très probablement à vivre. Ces différents points de vue seront l’occasion, pour nous, de générer une vision politique diversifiée et sensible des temps à venir. Par sensible, nous entendons la capacité à percevoir ce qui nous arrive de multiples manières et à y trouver du sens, par de divers canaux.

Un des canaux que nous voulons explorer est celui de la fiction, des récits que nous nous racontons sur ce qui pourrait nous arriver et la manière dont ces récits nous mettent en mouvement. Nous cherchons à prolonger le travail de nombreuses personnes et collectifs qui ont déjà mis en lumière l’importance politique des imaginaires et des récits que nous fabriquons, telles Ursula Le Guin, Cornelius Castoriadis, Donna Haraway, Isabelle Stengers, Starhawk, le collectif Les Ateliers de l’Antémonde, etc.

Proposition

Ainsi, avec l’envie de rassembler nos capacités à faire histoire en faisant des histoires, nous vous proposons de participer à l’écriture d’une partie des récits de l’entre-deux.

L’entre-deux comme un moment suspendu où l’on prend le temps de constater ce qui nous arrive. L’entre-deux comme un espace souvent ignoré où se vivent des expériences au-delà des dualités façonnée par l’imaginaire moderne (échec/réussite ; puissance/impuissance ; solution individuelle/solution collective ; joie/tristesse) .

L’entre-deux comme l’anticipation de la suite, mêlant espoir, deuil, colère, résignation, révolution, expérimentation, débrouillardise…

À partir des expériences intimes de différents personnages, ces récits visent à  constituer une vision d’un avenir proche qui ne serait ni dystopique, ni utopique. Ils formeraient une mosaïque assez réaliste mêlant des choses de notre monde qui se dégradent mais aussi d’opportunités de refaire du collectif, de se transformer, ou d’essayer de stabiliser son environnement.

Point de départ de la création des récits 

Afin de tresser la dimension politique et sensible de ce qui pourrait être vécu aux alentours des années 2030, nous, Julien Didier et Delphine Masset, avons rédigé un premier texte (voir lien ci-dessous) comprenant le vécu et le ressenti de deux héroïnes : Juliette et Miléna, qui sont deux soeurs belges, écrivant chacune leur journal intime. Dans ces deux récits initiaux, vous verrez se déployer deux mondes proches mais différents en termes de sensibilités et de situations. Alors que la trame politique est principalement décrite par Miléna, sa sœur Juliette vit davantage ces événements à travers leurs répercussions dans son réseau proche.

Les récits de l’entre-deux 

Ce que nous vous proposons, c’est de développer votre propre vision de cet avenir pas si lointain et déjà (un peu) modifié.

Comment ? 

Vous pouvez choisir un personnage du récit de Juliette ou de Miléna (Livia, Helena, Chrigui, Lalie, Rico, Alexandre, Marine, le papa de Miléna, Guiller…) et raconter une histoire en parallèle.

Vous pouvez proposer une histoire qui relate les évènements historiques qui vont suivre.

Vous pouvez inventer un personnage qui serait dans un autre pays et qui serait en lien, d’une manière ou d’une autre, aux deux soeurs.

Vous pouvez également développer un personnage qui parlerait de son positionnement par rapport à l’instauration de la carte carbone ou d’autres événements politiques.

Beaucoup de choses sont possibles : les limites sont celle de votre créativité !

Pourquoi écrire ?

Écrire pour déposer ce qui a déjà été observé autour de soi, et dont il serait bon de témoigner. Écrire pour donner sens à ces observations et les partager.

Écrire pour élargir sa vision du monde qui vient en y apportant nuances et rebondissements, mais aussi pour créer une sensation de collectif, une sensation de monde grouillant dont la réponse n’est pas forcément déprimante et apathique.

Écrire pour permettre aux autres d’avoir accès à des bribes de nos imaginaires et de nos vies et donc à complexifier notre vision du réel, l’enrichir de nos expériences et parcours uniques .

Concrètement ?

Nous vous proposons de contribuer à ces récits en nous remettant un texte de 5 à 20 pages, pour le 1er mai  (A4 Times New Roman, interligne 1), constituant un bloc en soi (comme un chapitre) centré sur un personnage, déjà cité ou nouveau, qui vient enrichir et élargir l’histoire déjà en place par des points de vue similaires, contradictoires ou étrangers aux deux protagonistes de départ.

Ces récits peuvent être envoyés à delphine@mycelium.cc

Ces textes peuvent être écrits de manière autonome, sans consultation ou appui extérieur. Nous prévoyons toutefois plusieurs journées d’atelier d’écriture et de partage de textes, qui auront lieu à Bruxelles. Le premier atelier d’écriture aura lieu le samedi 1er avril (autres dates à confirmer), animés par l’autrice Soline de Lavaleye. Pour vous inscrire ou avoir plus d’infos sur le contenu de ces ateliers, contactez Delphine : delphine@mycelium.cc

Une fois rassemblés, nous mettrons en ligne les récits dont la forme finale nous semble suffisamment aboutie. Une publication papier pourra être envisagée selon les budgets de Mycélium.

Si vous avez une question sur ce projet, vous pouvez nous contacter aux adresses suivantes : julien@mycelium.cc et delphine@mycelium.cc.

Séminaires de lecture sur le nouveau matérialisme

Séminaires de lecture sur le nouveau matérialisme

À partir de janvier 2023, Mycélium vous propose de prendre part à cinq séminaires de lecture sur le nouveau matérialisme, pour nourrir et mettre en débat nos horizons philosophiques et politiques, nos imaginaires et nos manières de voir le monde, à partir de lectures communes. Ces séminaires seront animés par Marc Decitre, militant et diplômé en histoire environnementale, et sont à destination de tous.tes celleux ayant le goût de la lecture et de la discussion. À chaque séance, les concepts seront décortiqués et le contenu sera rendu le plus accessible possible.

Ces séminaires demanderont cependant un peu de travail de lecture (souvent en anglais) en amont et nécessitent une certaine régularité. Nous vous conseillons donc d’envisager un minimum d’assiduité (venir au moins trois fois) dans le cas où vous vous inscrivez. Les lectures seront commentées et discutées en français durant les séances.

Les séances auront lieu à Bruxelles à la Maison de la Paix, au 35 rue Van Elewyck à Ixelles, entre 13h et 17h :

  • vendredi 27 janvier
  • vendredi 10 et 24 février
  • vendredi 10 et 24 mars

Nous vous proposons de nous rejoindre dès 12h pour déjeuner ensemble !

Inscrivez-vous dès maintenant en envoyant un mail à delphine@mycelium.cc

La lutte contre les rapports de dominations et la poursuite d’une justice sociale sont rarement compatibles, croit-on, avec le désir de se rendre sensible aux autres qu’humains, à ces autres manières d’être et de voir le monde. Comment rendre féconde cette double poursuite ? Ces questions ne sont pas neuves et irriguent les mouvements écologistes depuis les années 70 et 80.

D’un côté, les « verts holistes » et les défenseurs d’une écologie profonde prônaient l’importance d’une ontologie relationnelle : une vision du monde basée sur les relations d’interdépendance entre les êtres et les processus perpétuels de transformation qui les traversent (on pense à Arnae Naess, Fritjof Capra, Charlene Spretnak, Caroline Merchant, Thomas Berry, David Abram).

D’un autre côté, les verts « de gauche » et les précurseurs de l’écologie politique réactualisaient la critique du patriarcat, du capitalisme et de l’impérialisme à partir de leur caractère aliénant et écologiquement désastreux (Ivan Illich, André Gorz, Barry Commoner, Murray Bookchin, Ynestra King).

Alors que la première vision devait servir en quelque sorte de « contre-poison » à la vision mécaniciste et désenchantée du vivant ; l’autre entamait un travail d’organisation programmatique, faisant apparaître les rapports de force contre lesquels se battre.

Ces deux visions n’ont pas pu converger, pour ainsi dire, jusqu’à aujourd’hui. En effet, les verts holistes reprochaient aux verts « de gauche » de rester prisonniers des carcans de la pensée des lumières – de reproduire l’imaginaire d’une exceptionnalité humaine vis-à-vis des vivants, et d’être trop centrés sur la conflictualité. Alors que les verts de gauche reprochaient aux holistes leur absence de prise en compte de la question des rapports de forces et des asymétries de pouvoir, qui les condamnaient à rester de doux rêveurs politiquement inefficaces.

Comment dépasser ces clivages, alors qu’ils se rejouent dans le débat autour des « nouvelles pensées du vivants » (Bruno Latour, Vinciane Desprets, Baptiste Morizot) ?

En effet, les auteur.ices ont changé, mais la question reste la même. Cette tension travaille l’écosystème Mycélium dès ses débuts et nous semble féconde. Elle l’est tout autant pour les auteur.ices « néo-matérialistes », provenant essentiellement du monde anglophone, et dont l’ambition est, pour elleux aussi, de chercher à dépasser les dualismes corps/esprit, sujet/objet, nature/culture, humain/non-humain, et de reconnaître la vitalité inhérente à la matière. En somme, ce courant de pensée porte la vision d’une ontologie relationnelle, tout en croisant sa promesse avec des lectures féministes, post-Marxistes, et décoloniales.

L’invitation de cet espace de lecture est donc de se glisser ensemble dans cette nébuleuse, et de nous laisser traverser par ses propositions. D’élaborer ensemble des pistes pour les « faire atterrir », ici et maintenant, dans nos engagements situés. Il s’adresse à toute personne désireuse de se nourrir de nouvelles manières de sentir-penser notre lien au vivant et de les articuler à un projet politique d’émancipation. Nous chercherons ainsi un équilibre entre textes sources plus théoriques (Karen Barad, William Connolly), des écrits de passeurs entre les mondes académiques et militants (Bayo Akomolafe, Vanessa Machado de Oliveira, adrienne maree brown), et des propositions militantes très concrètes de manier ces nouveaux imaginaires sur des enjeux spécifiques (Culture Hack Labs, Alnoor Ladha). Des propositions plus artistiques nous accompagneront aussi au fil des découvertes.

L’intention est de se retrouver, un vendredi sur deux, autour de plusieurs textes, organisés en trois « sous-nébuleuses » :

Première sous-nébuleuse : le « réalisme agentiel » de Karen Barad et ses reprises

  • Karen Barad – A la rencontre de l’univers – La physique quantique et l’enchevêtrement matière-signification (2007)
  • Divers articles de Bayo Akomolafe, dont “Perverse particles, entangled monsters and psychedelic pilgrimages : Emergence as an onto-epistemology of not-knowing”
  • Divers publications de Culture Hack Labs – un collectif de recherche sur le lien entre luttes pour la justice et la transformation des imaginaires – notamment leurs dossiers sur la question des communs https://www.culturehack.io/issues/issue-02-territories-of-transition/
  • Alnoor Ladha – Post-Capitalist Philanthropy: Healing Wealth in a Time of Collapse

Deuxième sous-nébuleuse : le « kinship worldview » – perspectives indigènes et décoloniales

  • Vanessa Machado de Oliveira- Hospicing Modernity
  • Darcia Narváez, Wahinkpe Topa – Restoring the Kinship Worldview: Indigenous Voices Introduce 28 Precepts for Rebalancing Life on Planet Earth
  • Dahr Jamail, Stan Rushworth – We Are the Middle of Forever: Indigenous Voices from Turtle Island on the Changing Earth
  • Gavin Van Horn, Robin Wall Kimmerer, John Hausdoerffer – Kinship : Belonging to a world of relations

Troisième sous-nébuleuse : héritages de la post-cybernétique et de la nouvelle biologie

  • William Connolly – The Fragility of Things et/ou Facing the Planetary
  • adrienne maree brown – Emergent Strategy
  • Dorian Sagan et Lynn Margulis – Microcosmos – 4 milliards d’années de symbiose terrestre
  • Catherine Keller – Entangled Worlds : Religion, science, and new materialism

Pour celles et ceux qui ne savent que participer en virtuel, nous créons aussi une liste d’intéressé·e·s, et ouvrirons éventuellement un espace virtuel à partir d’avril !

Pour toutes questions ou pour vous inscrire, envoyez un mail à delphine@mycelium.cc

Ouverture des inscriptions pour le cycle d’intervision sur les dominations systémiques

Ouverture des inscriptions pour le cycle d’intervision sur les dominations systémiques

Nous vous invitons à participer à un cycle de 4 séances d’intervision d’une demi-journée, animé par Hassina Semah, pyschologue et sociologue. L’ objectif de ce cycle est de mieux outiller les membres de diverses organisations à décortiquer les enjeux liés aux dominations systémiques (racisme, sexisme, classisme, LGBTphobies, validisme,…) et agir face à celles-ci.

Vous êtes militant·e·s dans un mouvement écologiste ou militant et vous vous posez des questions sur les rapports de domination ? Vous déplorez le manque de diversité dans vos espaces militants et ne comprenez pas pourquoi certains profils sont toujours absents des débats ? Vous vous sentez concerné·e·s par une plus grande justice sociale et souhaitez devenir un·e meilleur·e allié·e de groupes marginalisés ? Vous êtes déjà renseigné.e.s sur les enjeux liés aux dominations systémiques, et vous aimeriez avoir plus de ressources concrètes pour agir dans vos organisations ou mouvements ?

Modalités pratiques : 

Quand ? 

  • le jeudi 1er décembre (14h-18h)
  • le jeudi 15 décembre (14h-18h)
  • le jeudi 19 janvier (14h-18h)
  • le jeudi 23 février (14h-18)

En vous inscrivant, vous vous engagez à assister à l’ensemble des séances.

Où ? à Bruxelles, lieu à confirmer.

Prix ? Participation libre et consciente

Inscriptions : merci d’adresser un mail à selma@mycelium.cc et de remplir le formulaire suivant : https://forms.gle/7HNfgy37iJUWLioY8 (avant le 11 octobre), qui permettra à Hassina Semah de construire sa formation en fonction de vos problématiques.

L’intervenante : Hassina Semah est sociologue, psychologue clinicienne spécialisée en violences entre partenaires et violences interculturelles. Elle est diplômée en études de genre. Elle travaille actuellement dans un cabinet de l’Égalité des Genres et des chances, écrit pour les Grenades, le média féministe de la RTBF et donne des formations sur le genre et les systèmes de domination.

Détails sur le canvas du cycle d’intervision : « après une installation générale d’un cadre de sécurité et une présentation du groupe, on démarrera assez rapidement sur des analyses de situation concrètes et pour cela nous aurons besoin de problématiques apportées par vous ! Pour pouvoir préparer cela un minimum, Hassina Semah vous propose de lui faire parvenir des problématiques ou situation que vous vivez, qui touchent à des questions de domination, et que vous aimeriez démêler ensemble. Il s’agirait donc d’une situation non résolue, non gérée (passée à la trappe par le groupe), ou qui vous dépasse…cela peut aussi être une situation qui ne s’est pas produite mais qui pourrait arriver (de manière plausible) et qui vous fait peur. Tout le monde ne doit pas le faire, mais faites au moins l’exercice d’y penser (et par exemple le simple fait de ne pas arriver à mettre la question des dominations à l’agenda de votre organisation est une situation concrète 😉 ). »

Appel à candidatures pour les bourses « Racines et Pollens » par la Fondation Mycélium

Appel à candidatures pour les bourses « Racines et Pollens » par la Fondation Mycélium

La fondation Mycélium lance un nouvel appel à candidatures pour l’octroi de bourses « Racines et Pollens » : date limite le 16 octobre prochain. 

Les bourses « Racines et Pollens » sont des bourses ponctuelles d’un montant variable (allant généralement entre 2 000€ et 10 000€), à destination de projets « œuvrant à la création, la défense et le développement de sociétés tournées vers le soutien de toutes les formes de vie humaine et autre qu’humaine ». 70 000€ sont disponibles pour ce nouvel appel.

Mycelium cherche à soutenir des projets en accord avec la vision générale du projet Mycelium et l’éthique de la fondation Mycelium. La fondation s’intéresse plus spécifiquement aux projets qui permettent de créer plus de liens au sein de nos mouvements et entre ceux-ci, qui développent des visions audacieuses ou radicales, qui explorent les marges de nos mouvements et/ou qui ne peuvent pas facilement bénéficier d’autres sources de financement, publics ou privés. Ces fonds peuvent être délivrés à une organisation, un collectif ou directement à une personne (qui est elle-même au service d’un ou plusieurs projets collectifs).

Pour avoir un aperçu de projets soutenus jusqu’à présent, n’hésitez pas à consulter cette page!

Pour nous faire parvenir votre demande, nous vous demandons, avant le dimanche 16 octobre à minuit de :

  1.  Compléter ce court formulaire en ligne
  2.  ET de télécharger et compléter ce document à envoyer par mail à demandes@fondation.mycelium.cc.

Pour plus d’informations sur les critères et condition d’octroi, vous pouvez également consulter le ROI de la Fondation et poser vos questions à demandes@fondation.mycelium.cc.

Cet appel est diffusé via la newsletter aux actrices et acteurs connectés à Mycelium et ayant déjà collaboré avec nous dans le passé. Vous pouvez le relayer vous-mêmes directement à d’autres mouvements ou collectifs qui ne sont pas encore proches de Mycelium mais que vous jugez néanmoins pertinents.

Profitez-en pour découvrir le site web de la fondation Mycelium, en y retrouvant notamment les initiatives déjà soutenues par la fondation ou pour découvrir les autres manières de vous impliquer dans le projet, en devenant mécène ou en parlant autour de vous du projet!

Formation – Ecologie depuis les marges

Formation – Ecologie depuis les marges

Dépasser les visions dominantes de l’écologie ?

Les 12, 13 et 19 septembre à Bruxelles

Aujourd’hui, les enjeux écologiques sont présents dans tous les esprits, sous des formes et des représentations diversifiées : chaos, fin du monde, changements climatiques, destruction de la biodiversité, épuisement des ressources, effondrement, décroissance…

L’écologie apparaît presque comme un nouveau consensus social, sur lequel tout le monde s’accorderait, de la Commission européenne au potager de quartier en passant par les Marches Climat.

  • Mais sur quoi se basent les différents discours ou pratiques « écologistes » les plus mis en avant aujourd’hui ?
  • Quelles visions de l’écologie dominent aujourd’hui ou sont au contraire invisibilisées ? Par qui et pour qui sont-elles produites ?

Nous vous proposons d’explorer ces questions au sein d’une formation de 3 jours, où nous chercherons à développer une vision critique des discours et pratiques des milieux associatifs et militants sur l’écologie.

Cette formation se fera à partir d’une pédagogie participative mêlant contenu théorique apporté par l’équipe de formation, travaux et réflexions en sous-groupes depuis l’expérience des participant·e·s et dialogues avec des invité·e·s impliqué·e·s concrètement dans des luttes écologistes et sociales.

À partir d’une grille de lectures des rapports de pouvoir et de domination systémiques, nous étudierons ensemble l’apport de visions minorisées de l’écologie. Des visions produites, entre autres, depuis des groupes marginalisés qui articulent les enjeux environnementaux avec les inégalités sociales et les discriminations qu’iels subissent.

  • Comment les féminismes ou les mouvements queers, les luttes antiracistes et décoloniales, les luttes populaires et sociales peuvent renouveler fortement notre vision de l’écologie et éclairer ses angles morts ?
  • Comment sortir d’une lecture dominante et dépolitisante des enjeux écologiques ?
Cette proposition de formation est le fruit d’un processus (réflexif et d’actions) de longue date, mené conjointement par les associations initiatrices de cette dernière. Rencontre des Continents, Mycélium et PAC ont réuni leurs ressources pour proposer un module de formation de trois journées pour penser ensemble ce nœud des luttes contemporaines.
OBJECTIFS PEDAGOGIQUES

  • Éveiller la curiosité des participant·e·s sur d’autres approches /concepts/luttes liés à l’écologisme, s’intéresser aux écologies minorisées (comme l’écologie populaire, l’écologie décoloniale ou l’écoféminisme).
  • Comprendre et acter qu’on n’a pas tout compris, se confronter à des angles morts, impensés, importants dans nos différentes actions et postures.
  • Permettre de se décentrer.
  • Complexifier son approche et ses réflexions sur les discours et imaginaires écologistes…
  • Creuser, de la manière la plus concrète possible, la double fracture qui clive luttes sociales et environnementales.
  • Questionner cette opposition et les possibilités, ou impossibilités, de la dépasser.
  • Faire bouger nos lignes sur des questions conflictuelles. Ouvrir des portes restées fermées.
  • Découvrir, apprendre, s’approprier, échanger des concepts, des enjeux, des mouvements.

QUELQUES ELEMENTS DU PROGRAMME

  • Introduction aux systèmes de dominations systémiques (sexisme, racisme, classisme,..) et leur croisement avec les luttes écologistes
  • Rencontre avec Fatima Ouassakmilitante écoféministe et antiraciste française, fondatrice du “Front de Mères” et de la maison de l’écologie populaire “Vedragon” à Bagnolet (France)
  • Rencontre avec Renda Belmallem, militante écologiste, féministe et antiraciste, chercheuse à l’EHESS et ancienne membre du collectif antinucléaire et féministe « les bombes atomiques »
  • Rencontre avec Marie Gobert, militante du collectif des gilets jaunes de Namur
  • Réflexions collectives à partir des expériences des participant·e·s : comment penser des actions et des luttes écologistes à partir des expériences d’oppression et de domination ?

INFOS PRATIQUES

TARIF (pour les trois jours)

  • Cadre professionnel / associatif subsidié : 150 €
  • Cadre militant / bénévole ou à titre personnel : 0 € à 50 €
  • Possibilité d’intervention du Fonds 4S
  • Attention : les frais d’inscription ne doivent pas représenter un frein à votre inscription. N’hésitez pas à prendre contact avec nous.
Conférence participative : Introduction aux dominations systémiques

Conférence participative : Introduction aux dominations systémiques

Inscription demandée, via ce lien : https://cloud.domainepublic.net/mycelium/apps/forms/D9pZnQqD7coNGeCC

Vous êtes militant·e·s dans un mouvement écologiste ou militant et vous vous posez des questions sur les rapports de domination ? Vous déplorez le manque de diversité dans vos espaces militants et ne comprenez pas pourquoi certains profils sont toujours absents des débats? Vous vous sentez concerné·e·s par une plus grande justice sociale et souhaitez devenir un·e meilleur·e allié·e de groupes marginalisés ?

Pour répondre à ces questions , Mycelium vous propose une conférence participative d’introduction à l’inclusivité et aux dominations systémiques!

Cette conférence est une bonne introduction au cycle d’intervision sur les dominations systémiques que nous organiserons probablement à partir de septembre. Vous êtes donc invité.e.s à y participer si vous êtes intéressé.e par le cycle d’intervision qui suit!

Durant une soirée, nous tenterons de mieux comprendre ce que sont les systèmes de domination (patriarcat, racisme, colonialité, classisme, hétérosexisme,…) grâce à une grille de lecture pertinente (subaltern studies), une notion incontournable (intersectionnalité) et des sous-concepts très utiles à la compréhension des rapports sociaux ( privilèges sociaux, groupe dominant, groupe dominé, posture alliée, …).

A travers des exemples très concrets, nous nous pencherons ensuite sur ce qui se passe dans les espaces militants, en particulier écologistes : la reproduction de rapports de domination, parfois même à l’insu des personnes concernées. Ce sera l’occasion de prendre un peu de hauteur en réfléchissant à notre position propre dans les rapports sociaux (dits structurels) et ce, dans un cadre ludique, bienveillant et de non-jugement.

Désormais mieux outillé·e·s, nous tenterons de comprendre pourquoi les espaces militants écologiques sont aussi peu investis par certains groupes dits minoritaires.

Nous échangerons, enfin, sur les bonnes pratiques d’inclusivité visant plus de justice sociale, tant au sein des espaces militants que, plus généralement, dans la société.

  • Intervenante

Hassina Semah est sociologue, psychologue clinicienne spécialisée en violences entre partenaires et violences interculturelles. Elle est diplômée en études de genre. Elle travaille actuellement dans un cabinet de l’Égalité des Genres et des chances, écrit pour les Grenades, le média féministe de la RTBF et donne des formations sur le genre et les systèmes de domination.

  • Modalités pratiques
    • Quand ? Le Jeudi 9 juin à 18h
    • Où ? Greenhouse, Rue van Orley, 5-11
    • Prix ? Participation libre avec une suggestion de 15€
Invitation à l’Agora de Mycélium

Invitation à l’Agora de Mycélium

Le jeudi 2 juin de 10h à 17h à Bruxelles

Bonjour à tou.te.s !

Nous vous invitions à la prochaine Agora de Mycelium, le jeudi 2 juin prochain, dans un lieu encore à confirmer, mais très probablement à Bruxelles.

Nous vous transmettrons bientôt plus d’informations au sujet de cette journée, mais vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire via ce formulaire!

Pour rappel, l’Agora de Mycélium, un moment de rencontre entre toutes les personnes et organisations qui collaborent ou se sentent proches de Mycélium et de la Fondation Mycélium, incluant les projets soutenus ou qui ont fait une demande de bourse.

Pour cette Agora de retrouvailles entre nos organisations et mouvements, nous voulons :

• Mieux nous retrouver, nous connaître ou nous rencontrer. Re-nourrir nos réseaux et inclure les personnes nouvellement présentes.

• Partager des réflexions et actions qui traversent nos réseaux, autour de thèmes transversaux

• Partager l’actualité de Mycélium, de la fondation Mycélium et de vos réseaux

Et puis certainement nous laisser du temps pour apprécier de se retrouver, simplement!

Nous vous enverrons très bientôt les informations pratiques et nous réjouissons de vous retrouver.

Bénédicte, Julien, Jérémie, Delphine et Selma
le Cercle Coeur de Mycélium