Mycélium vous invite à son second cycle de lecture et recherche participative (Voir ici le premier cycle autour des « nouveaux matérialismes »), autour cette fois des approches d’écologie queer.
Ce cycle cherche à nourrir et mettre en débat nos horizons philosophiques et politiques, nos imaginaires et nos manières de voir le monde, à partir de lectures communes. Il sera co-animé par Marc Decitre et Julien Didier, membres du cercle coeur et militants écologistes et queer, et s’adresse à tous.tes celleux ayant le goût de la lecture et de la discussion, qu’iels s’identifient comme LGBTQI+ ou non.
Ces séminaires demanderont un peu de travail de lecture (en anglais et en français) en amont et nécessitent une certaine régularité. Nous veillerons toutefois à rendre le contenu le plus accessible possible et à décortiquer ensemble les notions utilisées. Les lectures seront commentées et discutées en français durant les séances. Nous vous encourageons à participer à l’ensemble des sessions si possible, mais une participation partielle est également possible.
Les séances auront lieu à la fois en présentiel à Bruxelles (lieu à confirmer) et en ligne, entre 14h et 17h :
- Jeudi 12 octobre
- Jeudi 26 octobre
- Jeudi 9 novembre
- Jeudi 23 novembre
- Jeudi 7 décembre
Inscrivez-vous dès maintenant via ce lien !
Pourquoi et comment penser les enjeux écologiques depuis une perspective queer ? Comment penser les questions de nature, sans se retrouver empêtrés dans la ribambelle de présupposés hétéronormatifs qui l’accompagnent trop souvent?
Du point de vue des mouvements queer, il est difficile de souscrire sereinement aux invitations à se « relier au vivant » lorsqu’on porte le poids d’une assignation à l’abject, au pervers, au « contre-nature ». Il est donc nécessaire de plonger dans ce trouble et envisager comment penser les luttes écologistes depuis ces marges soi-disant « contre-naturelles ».
Dans toutes leurs diversités, les écologies queers sondent des voies de sorties hors de cette impasse, suivant une ligne à la fois critique et reconstructive. Comment l’hétéronormativité biaise-t-elle profondément notre compréhension des mondes autre qu’humains, et contribue-t-elle à engendrer des modes d’habiter la terre profondément écocidaires ? Quelles autres formes d’habiter et de se relier au monde peuvent émerger, une fois que l’on reconnaît, dans l’histoire évolutionnaire et dans nos propres existences, la place centrale du jeu, du plaisir, du non-productif, et de la déviation de la norme?
Nous articulerons le cycle autour de 3 axes qui se complètent et se répondent :
- Un premier axe consistera à s’intéresser aux animalités queer : des travaux d’ethnologues et de biologistes qui recensent toute la diversité et « l’exubérance » des formes de sexualité dans le règne animal (et au-delà). Nous nous intéresserons aux manières dont ces exemples sont venus troubler les théories biologiques dominantes, et leur focale exclusive sur la reproduction dans le cadre d’une lutte pour la survie. Cadres qui, en plus de renforcer une compréhension hétéronormative de la nature, confortent une vision du monde sous-jacente au capitalisme, dans lequel les seuls forces motrices du vivant et du monde social seraient le calcul, l’intérêt, et la dépense rationnelle d’énergie dans des formes « productives ». Quelles nouvelles philosophies de la nature pourraient se dessiner à partir de ces myriades d’exemples de sexualité non-reproductive, de dépense gratuite, de plaisir pour le plaisir, et en quoi pourraient-elles être une ressource pour nous ?
- Un second axe s’intéressera aux expériences concrètes et situées de mouvements sociaux et de lieux préfiguratifs qui ont cherché à faire un rapprochement entre identité queer et écologie – que ce soient des fermes et des communes rurales, des nouvelles formes de « reconnexion aux vivant » qui intègrent une dimension érotique, ou des mouvements de justice climatique attentifs aux vulnérabilités particulières des personnes queer, et aux formes d’hétéronormativité inscrite dans les mouvements écologistes plus « mainstream ». Quelles voix critiques ont-elles portées, et quels autres horizons et perspectives ont-elles ouvertes ? Quelles formes d’action ont-elles (ré)inventées ? Qu’est-ce que ça veut dire de militer et de se relier au monde en tant que sujet « éco-queer » ?
- Enfin, un troisième axe s’intéressera à la question de la propriété et du rôle historique de la famille nucléaire dans le capitalisme, en tant qu’institution pour garantir la transmission de celle-ci d’une génération à l’autre. Dans un contexte où les désastres engendrés par la privatisation du monde invitent à multiplier les communs, en particuliers dans la propriété de la terre, que peuvent être les apports des pensées et pratiques queer, qui ont très tôt critiqué cette institutions et proposé d’autres manières de vivre en collectif.
Les lectures et les thèmes proposés évolueront en fonction de nos intérêts et des apports du groupe. Vos apports, suggestions et trouvailles sont tout à fait bienvenues, n’hésitez pas à les communiquer en amont à Julien Didier : julien@mycelium.cc