Ecopsychologie et ecologie profonde

Ecopsychologie et ecologie profonde

Les dimensions intérieures, psychologiques ou profondes de l’écologie sont assez souvent peu mentionnées voire oubliées lorsqu’on pense l’action écologiste en tant que mouvement sociaux.

A travers son travail, le projet Mycelium tente de mettre ces questions au centre, profitant notamment de la vivacité de mouvements qui travaillent sur ces questions en Belgique francophone, tels que Terr’Eveille, Terre & Conscience ou le réseau belge francophone d’écopsychologie.

Mycelium cherche aussi à interroger les liens entre les approches « sensibles » de l’écologie et celles plus attachées à la matérialité des luttes et combats à mener, en essayant d’être un lieu de dialogue entre ces approches.

« Articuler nos luttes politiques et notre lien au sensible » est une publication produite en 2021 par Mycelium, à partir d’une interview croisée de Laura Silva-Castaneda et Aurel et qui explore les potentialités et frictions qui surgissent quand on essaye de provoquer des rencontres entre ces approches.

Pour plus d’informations au sujet de notions abordées :

Ecopsychologie

L’écopsychologie s’intéresse aux interrelations profondes entre la terre et la psyché humaine. Elle ouvre des pistes théoriques et pratiques dans une double perspective. Comme le résume Michel-Maxime Egger, d’une part, mettre en lumière les composantes psychologiques et émotionnelles des crises écologiques et avancer dans la compréhension de nos relations souvent déséquilibrées avec la nature. D’autre part, prendre en compte le contexte écosystémique des souffrances et pathologies humaines et donner une place au vivant et à la nature dans les démarches thérapeutiques.

Dans sa version radicale, ce courant offre un regard profondément politique sur le monde car il remet en question la voie empruntée par nos sociétés et, en particulier, par le monde psychomédical. Comme le souligne James Hillman, notre vision de la santé en est bousculée: que veut dire « aller bien » dans une société que l’on pourrait considérer comme malade? Doit-on s’adapter à un monde qui détruit le vivant, en nous et autour de nous ? L’écopsychologie réarticule vie psychique et systèmes d’oppression, mal-être des personnes et dégradation de la planète étant intimement liés au capitalisme et à la technologie. Selon Andy Fisher, « l’objectif de l’écopsychologie est d’œuvrer à la récupération de notre capacité à percevoir cette violence et à lui répondre », la réponse passant notamment par l’identification des tendances au déni – déni de la vie – dans notre société et par le projet de « laisser remonter une soif authentique pour un monde davantage centrée sur la vie ».

En plus des nombreuses pratiques visant à éveiller nos sens au reste du vivant, l’écopsychologie reconnaît la validité des émotions que nous ressentons face à sa destruction. C’est un des fondement du travail qui relie, approche développée par Joanna Macy et diffusée en Belgique par Terr’Eveille.

Pour aller plus loin :

Ecologie profonde

La force et l’originalité de l’écologie profonde est de nous amener à prendre en compte le problème majeur des relations que nous entretenons avec le reste du vivant. Comment l’humanité en est arrivée à ce point critique dans l’évolution où la survie de notre espèce et de millions d’autres espèces est en jeu ? Cet état de fait révèle un dysfonctionnement culturel profond, celui d’une civilisation basée sur la conquête et la domination de la « nature ». Prenant ses distances avec une écologie technicienne, l’écologie profonde interroge notre vision du monde et nos valeurs en mettant en perspective leurs effets sur la toile du vivant. Mais elle offre aussi une nouvelle vision sur la manière d’aborder les crises en cours en transformant la relation que nous entretenons avec la terre et les autres qu’humain, dans une reconnaissance radicale de notre interdépendance et de la tâche urgente de changer de paradigme.

D’un point de vue philosophie, l’écologie profonde marque le passage d’une vision anthropocentrique à une vision écocentrique. Tous les êtres vivants possèdent une valeur intrinsèque, indépendante de l’utilité qu’ils pourraient revêtir pour les humains. La nature n’est pas un stock de ressources à exploiter ou un décor à préserver. La richesse et la diversité des formes de vie ont également une valeur en soi car elles contribuent à l’épanouissement de la vie sur terre.  Ainsi ce courant de pensée s’inscrit en opposition à une vision utilitariste de l’environnement, une vision qui verrait l’humain comme séparé et supérieur à une nature dont il pourrait user pour répondre à ses propres besoins.

Mais nous n’avons pas seulement à apprendre à penser différemment notre rapport au vivant. Il s’agit aussi d’apprendre à le ressentir différemment. Comme le souligne le philosophe Arne Naes, à l’origine de l’appellation deep ecology, « les changements politiques nécessitent des changements affectifs en nous ». L’écologie profonde rassemble des personnes avant tout mues par un lien affectif  fort aux lieux et aux êtres vivants, un sentiment de commune appartenance à un même tout. Ce mouvement social parle car il propose une manière de penser et de ressentir qui ne nous coupe pas, ne nous extrait pas de notre expérience palpable de faire pleinement partie de la toile du vivant, par opposition au détachement et à l’impartialité idéalisés dans le monde moderne.

Pour aller plus loin :