En avril 2019, Mycelium a invité Juliette Rousseau, autrice du livre « lutter ensemble, pour de nouvelles complicités politiques » à Bruxelles en partenariat avec Rencontre des Continents et le Réseau ADES.
L’autrice développe à travers ce livre sa réflexion sur la capacité ou plus souvent l’incapacité de mouvements sociaux de différents types (écologistes, syndicalistes, étudiants,…) à intégrer dans leurs pratiques une conscience des enjeux de dominations liées à la race (comme construction sociale), au genre, à la classe, au handicap notamment et les limitations que cette incapacité crée. Elle illustre ensuite par de nombreux exemples la manière dont il est pourtant possible d’intégrer ces notions et de pouvoir mieux incarner des luttes en pouvant être critiques tant sur le fonctionnement interne de ces mouvements que sur la société que ces mouvements prétendent changer et en laissant la place, l’autonomie et la visibilité aux personnes les plus directement concernées pour mener leurs luttes.
Cette réflexion est importante du point de vue de Mycelium car elle amène d’importantes pistes de réflexion face à une problématique très présente dans les mouvements de transition sociale et écologique à savoir une forte surreprésentation de personnes privilégiées à différents points de vue, parce que blanches, diplômées, d’un niveau socio-économique supérieur à la moyenne, disposant d’un important capital culturel, cisgenres et hétérosexuelles. Cette surreprésentation pose la question d’une lutte qui se voudrait universelle, car l’écologie impacte tout le monde, mais qui n’est menée que par des personnes vivant le moins d’oppressions directes et actuelles, issues du racisme, du patriarcat, du capitalisme. Du point de vue écologique, il est également nécessaire de reconnaître que les dégradations écologiques actuelles et à venir touchent le plus durement les personnes subissant déjà ces oppressions car migrantes, vivant dans des zones polluées, ayant peu d’espace vert à proximité, ayant le moins d’accès à une alimentation saine,… La nécessité de pouvoir associer les revendications écologistes à d’autres revendications sociales se fait ainsi sentir de plus en plus fortement et est affirmée par de nombreuses personnes, mais cette volonté se transforme très difficilement dans la pratique.
La venue de Juliette Rousseau a été l’occasion d’organiser 2 conférences publiques et un atelier ouvert sur invitation à des personnes impliquées dans divers types de mouvements sociaux à Bruxelles. Cette venue a fait l’objet d’un grand intérêt auprès de mouvements activistes dans les thèmes du climat, de la justice migratoire, des luttes féministes notamment.
Pour continuer la réflexion :
- Une fiche de lecture du livre de Juliette Rousseau sur: https://www.undernierlivre.net/juliette-rousseau-lutter-ensemble/
- Une interview réalisée lors de son passage à Bruxelles par Alohanews :
- Un excellent podcast réalisé par radio zinzine :