Face à une perspective d’effondrement de notre civilisation, quel sens donner à nos luttes sociales ? Quid de la justice sociale dans la pensée des « collapsologues » ?
Ce café-débat explorera les points de convergence et de divergences entre collapsologie et mouvements sociaux en présence de :
– Renaud Duterme, membre du CADTM et auteur du livre « de quoi l’effondrement est-il le nom ? »
– Daniel Tanuro, membre de « Gauche Anticapitaliste » et auteur notamment de « l’impossible capitalisme vert ».
– Thibaut Demeulemeester, biologiste, Climat et Justice Sociale
Rendez-vous le Mardi 5 décembre 2017 de 19:00 à 21:30 au Réseau ADES, Rue de Liedekerke 71 à Saint-Josse (Bruxelles) : https://www.facebook.com/events/1947772195544298/
Notre civilisation fait face à une multiplicité de crises, inédites par leur gravité et leur diversité : crises écologiques ( changement climatique, déclin de la biodiversité, épuisement des ressources,…), crises sociales (hausse des inégalités, délitement des formes de solidarité et de la sécurité sociale,…) ou encore crises politiques (montée des régimes populistes et autoritaristes, crises migratoires,…).
A travers cette convergence de crises, de plus en plus de citoyens et intellectuels voient une crise systémique qui appelle à penser plus profondément les relations entre ces crises et la nécessité de changements radicaux dans nos sociétés. Ces personnes parlent de révolution, de transition, de décroissance, de transformation…des concepts qui portent tous l’idée qu’il est encore possible de « changer les choses », d’inverser la tendance avant qu’il ne soit trop tard.
Mais un autre courant intellectuel se place en porte-à-faux de ces idées en affirmant qu’il est en fait déjà trop tard et que notre civilisation ne pourra pas éviter son propre effondrement. Présent depuis plusieurs années dans les pays anglophones, ce courant a été popularisé plus récemment dans l’espace francophone grâce entre autres au livre « comment tout peut s’effondrer » de Pablo Servigne et Raphaël Stevens. Ces « collapsologues » expliquent pourquoi, selon eux, le caractère systémique et relié de ces crises produit un « blocage » et rend notre civilisation incapable de réellement changer dans la direction nécessaire. Elle avancerait irrémédiablement vers des points de rupture (système financier, approvisionnement alimentaire, approvisionnement en énergie,…) rendant impossible sa survie. Ils insistent néanmoins sur le fait que la fin de cette civilisation n’implique pas (nécessairement) la fin de l’humanité, ni la fin d’autres civilisations vivant déjà aujourd’hui en marge du capitalisme global…
Ce point de vue confrontant questionne profondément nos luttes sociales, la manière dont nous les menons et l’horizon de progrès social qu’elles visent encore souvent. En regard, ce courant de la « collapsologie » mérite d’être questionné d’un point de vue social quand il prône le deuil de nos structures économiques et sociales actuelles pour créer de nouvelles communautés, résilientes à ces effondrements. Nous proposons lors de ce café-débat de questionner les points de convergence et de divergences entre collapsologie et luttes sociales à partir des questions suivantes :
– la perspective d’un effondrement rend-elle obsolète l’intérêt des luttes sociales actuelles?
– Quelle vision peut mobiliser les mouvements sociaux, si ce n’est celle d’un progrès social? Quel place pour l’espoir dans la collapsologie ?
– En quoi effondrement de civilisation et inégalités sociales sont liés ?
– En quoi les luttes féministes et LGBTQI sont concernées par cette question?
– la créations d’îlots de résilience et d’autonomie écologique par les personnes qui « voient venir l’effondrement » est une piste proposée par les collapsologues. En quoi cette piste inclut ou exclut les classes défavorisées et paupérisées, en particulier urbaines ?
Pour aborder ces thèmes, nous accueillerons Renaud Duterme, membre du CADTM et auteur du livre « de quoi l’effondrement est-il le nom ? » Daniel Tanuro, membre de « Gauche Anticapitaliste » et auteur notamment de « l’impossible capitalisme vert » et Thibaut Demeulemeester, biologiste, Climat et Justice Sociale